Édouard-Alfred Martel se rend sur le Plan de Canjuers et dans le Verdon en 1905 en mission pour le compte du ministère de l'Agriculture afin de faire des relevés hydrogéologiques précis sur l'alimentation et la potabilité de la résurgence de Fontaine-L'Evêque. Le 11 août 1905, Martel et l'ingénieur hydraulicien Le Couppey de La Forest, qu'accompagnent plusieurs personnes, prend le chemin muletier qui va de Rougon au Couloir Samson. Dans cette équipe, se trouvent entre autres les personnes suivantes :
Armand Janet qui avait tenté, sans succès, une exploration en 1896 ;
Isidore Blanc, guide de l'expédition, qui était maître d’école à Rougon ;
Les frères Audibert, Daniel Carbonel, ;
Baptistin Flory, Fernand Honorat, Prosper Maurel ;
Zurcher, Teissier et le Belge, étudiant en droit, Cuvelier.
Ces hommes partent à bord de trois barques de bois et de toile.
Le sentier Blanc-Martel (une petite portion du GR 4), aménagé en 1928 par le Touring Club de France portera dès 1930 le nom de « Sentier Martel » du nom du spéléologue français Édouard-Alfred Martel (1859-1938). Il sera rebaptisé, en 2005, "sentier Blanc-Martel" en hommage à Isidore Blanc, l'instituteur rougonnais qui servit de guide au spéléologue
Ces hommes partent à bord de trois barques de bois et de toile. Après une journée mouvementée, le groupe établit un premier campement à la « Baume-aux-Pigeons », après avoir rebroussé chemin.
Dès le 12 août, une barque étant inutilisable, les hommes de l’équipée doivent porter le matériel et les provisions à dos d’homme. Martel et son compagnon vont jusqu’à la Mescla (du provençal « mesclun » qui signifie mélange), lieu où l’Artuby se jette dans le Verdon). Les autres hommes suivent, allant de gué en gué en portant l’embarcation devenue inutilisable.
L'Apron du Rhône (Zingel asper) est un poisson d'eau douce de la famille des percidés. Il est endémique du bassin Rhône-Méditerranée-Corse et en quelques cours d'eau de Franche-Comté...
La suite du parcours se fait par les bords, sur terre, par manque d’eau dans la rivière. Ils arrivent à mi-journée au lieu-dit l’Estellier.
En début de soirée, il fait déjà nuit lorsque les hommes arrivent dans un étroit couloir, «le Styx» (nom de l’un des fleuves qui, dans la mythologie grecque, menait aux enfers ; contrairement à la légende, ce nom avait été donné à cet endroit avant l'expédition de Martel ). Dans ce couloir, une deuxième barque se fracasse, envoyant hommes et matériel dans les eaux.
Le second campement est établi à l’Imbut (en provençal, « étroit » ou « entonnoir »). Les principaux récits disent qu’à l’Imbut, Martel aurait songé à renoncer à cette expédition, mais qu’il fut encouragé à continuer par ses équipiers, qui ne voulaient pas abandonner, au regard des efforts accomplis pour arriver jusque-là.
Le 13 août, le groupe repart en direction du Baou Béni et pénètre dans le canyon proprement dit. La progression est fastidieuse et très difficile, notamment le passage du Chaos de l’Imbut.
Martel et Armand arrivent finalement au « Pas du Galetas », près du pont (dit romain) d’Aiguines (aujourd’hui disparu sous les eaux du lac artificiel de Sainte-Croix). La première exploration de bout en bout du grand canyon du Verdon est réussie.